Séminaire : « La socialisation durant l’enfance » Vendredi 3 avril 2015

Cette séance aura lieu dans la dans la salle 3-214 bâtiment 3 de l’IUT Lumière (c’est une salle située dans le nouveau bâtiment au 2ème étage), de 9h30 à 17h00.

9h30-12h30

 Rivière Clément (Post-doctorant à Lab’Urba, Université Paris-Est)

Instances et contenus de la socialisation urbaine des enfants

Dans le prolongement d’une thèse de doctorat en sociologie consacrée à l’étude de l’encadrement parental des pratiques urbaines des enfants en contexte de mixité sociale (Rivière 2014), cette communication s’appuie sur une campagne d’entretiens menés auprès de parents (n=88) à Paris et Milan pour contribuer à la connaissance empirique de la socialisation urbaine des enfants, définie comme l’ensemble des processus qui façonnent leurs pratiques et représentations de l’espace urbain. Après en avoir distingué les différentes instances et agents, il s’agira de préciser les contenus de ce travail socialisateur au sein du cadre familial et les principes de sa différenciation, puis d’interroger les effets de la socialisation des enfants à la ville et par la ville.

Référence

Rivière, Clément (2014). Ce que tous les parents disent ? Approche compréhensive de l’encadrement parental des pratiques urbaines des enfants en contexte de mixité sociale (Paris-Milan), thèse de doctorat en sociologie, Institut d’Etudes Politiques de Paris/Università degli studi di Milano-Bicocca.

 Jean-Yves Authier (Université Lyon 2), Anaïs Collet (Université de Strasbourg), Isabelle Mallon (Université Lyon 2), Sonia Lehman-Frisch (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

Une transition invisible : Les apprentissages différenciés de l’autonomie spatiale par les enfants en fin d’école primaire (quartiers bourgeois/quartiers populaires)

La construction sociale des jeunes âges de la vie (prime enfance, enfance, adolescence, jeunesse) repose pour une large part sur les scansions opérées par l’institution scolaire, qui délimite avec l’école maternelle, puis élémentaire et enfin avec le collège, les étapes du parcours de vie durant l’enfance. L’entrée au collège fonctionnerait ainsi comme un rite d’initiation, ouvrant à une nouvelle autonomie pour les collégiens. Les enfants sont au contraire définis d’abord par leur état de dépendance, matérielle, mais également psychologique et mentale, notamment aux deux institutions qui organisent leur vie, l’école et la famille. L’objectif de notre communication est d’interroger cette représentation dichotomique des enfants dépendants et des adolescents autonomes, et de rendre visibles les processus discrets d’autonomisation à l’œuvre durant l’enfance, plus précisément à la fin de l’école primaire, avant l’entrée en 6ème. A partir d’une enquête menée en 2012-2013 auprès de 74 enfants résidant dans des quartiers bourgeois et populaires de Paris et de San Francisco, nous montrerons comment se déroule l’apprentissage de l’autonomie, de manière différenciée selon les contextes résidentiels (populaires ou bourgeois), nationaux (français ou américain), les appartenances de classe et de sexe des enfants. Une originalité de l’approche est d’appuyer cette analyse des apprentissages de l’autonomie sur les usages par les enfants des espaces urbains (du quartier, de la ville) à partir de leurs discours, ainsi que des dessins, réalisés à notre demande, de leurs quartiers de résidence. Seront ainsi mises en évidence différentes dimensions de l’autonomie, inégalement appropriées ou mises en œuvre par les enfants selon les appartenances sociales précédemment identifiées.

12h30 pause repas

14h00-17h00

 Kévin Diter (Doctorant en sociologie à l’inserm, sous la direction de M. Darmon et N. Bajos, allocataire du DIM Genre, inégalités et discriminations de la région Île-de-France.)

"T’façon, moi, j’aime pas l’amour !" : les représentations sexuellement et socialement différenciées de l’amour et de l’amitié chez les enfants de 6 à 11 ans.

L’amour et l’amitié apparaissent comme des objets d’étude réservés à la psychologie et, depuis une dizaine d’années, aux sciences cognitives et à la neurobiologie. Les sciences sociales se sont quant à elles peu penchées sur ces thématiques, abandonnant la question de la genèse des sentiments à ces approches naturalisantes et psychologisantes. Cette présentation a pour but de participer au décloisonnement des recherches sur les sentiments en présentant les premiers résultats de ma thèse qui porte sur la construction et l’intériorisation des représentations de l’amour et de l’amitié chez les enfants. Dans un premier temps, elle s’attachera à cartographier les façons dont les garçons et les filles conçoivent ces deux émotions ainsi que les manières socialement différenciées qu’ils et elles ont de les mettre en scène et de les investir. Dans un second temps, elle soulignera les processus par lesquels les enfants apprennent à aimer et surtout à bien aimer, c’est-à-dire à aimer de la bonne manière la/les bonnes personnes (du bon sexe). Il s’agira plus précisément de mettre en évidence les dispositifs, les pratiques et les discours par lesquels les parents, les professeurs et animateurs amènent les garçons et les filles à constituer des manières d’être, d’agir et de penser socialement et sexuellement différenciées en matière d’amour et d’amitié.

 Claire Piluso (doctorante, Centre Max Weber, Equipe MEPS)

« Tout se joue avant six ans ? », le rôle des socialisations enfantines dans la construction des goûts sexuels et amoureux pour les personnes de même sexe : un point de vue sociologique.

A partir d’un travail de thèse en cours qui porte sur les modalités de construction des goûts sexuels et amoureux en fonction de variations de classes sociales et de sexe sur une population homosexuelle, il s’agit de questionner le rôle des socialisations enfantines dans la construction des préférences sexuelles pour les personnes de même sexe.
Ayant pour point de départ la discussion d’idées du sens commun et de sens commun savant selon lesquels l’orientation sexuelle se construit dans l’enfance, l’objet de ma communication est de montrer l’importance de l’articulation des socialisations enfantines avec celles de l’âge adulte pour saisir d’un point de vue sociologique la construction des goûts amoureux et sexuels pour les personnes de même sexe. On montrera d’abord comment différentes instances de socialisation enfantines peuvent former -mais pas obligatoirement- un terreau dispositionnel fort qui est une condition nécessaire mais pas suffisante pour préférer les personne de même sexe. Ensuite on montrera comment les socialisations enfantines sont retravaillées par les socialisations à l’âge adulte. On montrera enfin que les relations sexuelles sont des moments socialisateurs déterminants dans la construction des goûts sexuels et amoureux. Tout ne se joue donc pas durant l’enfance.