Sociologie des fratries : entraide et différenciation

Jean-Hugues Déchaux

Article de Jean-Hugues Déchaux in Rhizome, n° 86, 2023.

Pour l’analyste de la parenté, le lien entre frères ou sœurs, dit aussi « germanité », est un des trois liens fondamentaux avec les liens de filiation et d’alliance. Parmi les règles les plus constantes qui organisent la parenté par-delà la variété des cultures figure l’unité du groupe des germains : frères et sœurs sont traités, à travers les attitudes et les appellations, comme relevant de la même catégorie.
En outre, pour l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, le mariage consiste en un échange de femmes entre deux hommes, l’époux et le frère de l’épouse, organisé selon des cycles de réciprocité spécifiques. La germanité est ainsi doublement présente dans « l’atome de parenté » : à travers la relation entre enfants nés du couple et à travers la figure du « donneur de femme » qu’est le frère de l’épouse.
Enfin, les travaux sur la filiation et la transmission ont souligné l’importance du lien de germanité et des principes de différenciation qui peuvent exister selon le genre et le rang de naissance.

Bref, la germanité est un lien crucial qui articule filiation et alliance. Toutefois, cette centralité des fratries, évidente pour l’anthropologue de la parenté, ne trouve pas le même écho en sociologie. Les recherches qui lui sont consacrées sont rares, mais permettent d’établir un certain nombre de résultats.

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