L’intimité des adolescent·es placé·es en établissements de protection de l’enfance est appréhendée comme support de l’intervention éducative et « matière première » du travail des professionnel·les. Cette thèse s’intéresse plus précisément à l’expérience des jeunes, premier·ères concerné·es par les formes d’intervention relatives à leur intimité, et pose la question suivante : comment façonnent-ils·elles leur intimité, sous le regard quotidien de leurs pair·es et sous celui ambivalent, des professionnel·les, à la fois protecteur et envahissant ?

Dans un premier temps, elle propose de retracer selon une perspective sociohistorique, les liens entre naissance de l’intimité moderne, sentiment de l’enfance et intervention de l’État social dans les familles. Dans un second temps, à partir de matériaux ethnographiques recueillis au sein d’établissements de placement de la protection de l’enfance, la thèse s’attache à documenter les expériences de l’intimité vécues par les jeunes, en caractérisant les dimensions investies par les travailleur·euses sociaux·ales : intimité corporelle, biographique, relationnelle. Pour chacune de ces dimensions, le genre est utilisé comme un outil d’analyse venant nuancer les expériences juvéniles du placement institutionnel.