Septième séance du séminaire de l’équipe DPCS (21/03/2025)

Date :Vendredi 21 mars de 10h30 à 12h30

La septième séance publique de l’équipe Dispositions, pouvoirs, cultures, socialisations est organisée.

Camille Martin, maîtresse de conférence en sociologie (ENS de Lyon, CMW) : « Investissements en crypto-actifs et financiarisation de la vie quotidienne »

Résumé : Je profiterai de cette séance de séminaire pour présenter mon enquête en cours sur les investissements en crypto-actifs, et évoquer quelques-unes des pistes de questionnement auxquelles elle ouvre : étudier la formation de savoirs et de raisonnements économiques profanes, penser un travail du (petit) capital, saisir la socialisation au risque financier. D’une manière générale, il s’agira de lire la diffusion de ces produits financiers comme participant du développement de « subjectivités financiarisées » (Pellandini, 2020) et plus généralement d’une dynamique de financiarisation de la vie quotidienne par le bas. Je proposerai un développement dédié aux pratiques d’enquêté-e-s aux revenus modestes, dont les investissements en crypto-actifs ont vocation à leur assurer la constitution d’une épargne, se substituant à l’épargne bancaire. En partant de ces cas, je montrerai comment l’achat de ces produits financiers offre les profits hédonistes de la spéculation en compensation au coût subjectif de la renonciation à la consommation immédiate que suppose l’épargne, et favorisent ainsi une paradoxale domestication des comportements économiques.

Pellandini, Simányi, Léna 2020. « The Financialization of Everyday Life ». in The Routledge Handbook of Critical Finance Studies, édité par C. Borch et R. Wosnitzer.

Rémi Rouméas, maître de conférence en sociologie (université de Bordeaux, Centre Emile Durkheim) : « Désarmer la police de l’environnement. Une étude de la contestation de l’Office français de la biodiversité par les syndicats agricoles »

Résumé : Alors que les études existantes documentent la faiblesse relative du droit pénal de l’environnement, autant du point de vue du volume de son activité que des peines prononcées (Barone, 2018 ; Clouteau et al. 2023 ; Letouzey, 2023 ; Magnin, Rouméas et Basier, 2024), la légitimité du pénal fait l’objet de vives contestations. Dans le champ politique, elle est mise en question par la dénonciation d’une écologie dite « punitive » par les droites françaises et européennes (Jubin, 2024). Dans le champ économique, des entreprises habituées à une politique de conciliation (Bonnaud, 2011) critiquent le développement de la pénalisation. La dénonciation des « cow-boys » de l’Office français pour la biodiversité (OFB) lors des mobilisations agricoles de 2024 et 2025 constitue un cas emblématique de la résistance à la judiciarisation des enjeux environnementaux. Cette communication vise à explorer les premiers résultats d’une enquête nationale sur la crise que traverse l’OFB. Il s’agit d’analyser les répertoires d’action mobilisés par le militantisme agricole et la manière dont les policiers de l’environnement perçoivent ces contestations. Elle s’appuie sur 90 entretiens (de deux heures en moyenne) avec des policiers de l’environnement recrutés selon leur localisation géographique (85 départements analysés). Ces entretiens sont complétés par des articles de presse généraliste et agricole, ainsi que par des documents internes à l’OFB et à ses syndicats.

La séance aura lieu le vendredi 21 mars, de 10h30 à 12h30, en présentiel à l’ENS de Lyon, site Descartes, en D4.143.

Un lien visio est disponible sur demande par mail aux responsables du séminaire ci-dessous.

Contact : Vey Victor ; estelle.herbaut@ens-lyon.fr