Patrick Rozenblatt

Chercheur.e.s, enseignant.e.s-chercheur.e.s - Université Lyon 2

Professeur Emérite

Équipe Travail, Institutions, Professions et Organisations

Repères Biographique

Titres et diplômes :

Titres

 Directeur de la Chaire "Egalité, Inégalités et Discriminations" (depuis 2009)

 Directeur de la Mention de Master "Inégalité et discrimination, manager les enjeux contemporains de l’égalité" et du DU, IETL (depuis 2011)

 Directeur de collections aux Editions Syllepse : Le présent Avenir (depuis 1995) et Sens Dessus-Dessous (depuis 2009)

 Directeur de l’Institut d’Etudes du Travail de Lyon (IETL) (2008-2013)

 Chargé de mission Egalité-Lyon 2 (2010)

Diplômes

°1994 : Habilitation à diriger des recherches en Sociologie. “Travail, acteurs et Société : éléments pour une sociologie de la confrontation sociale”, 167 pages.
Membres du jury : Pierre Tripier (Université de ST Quentin), Pierre Dubois (Paris X), Matéo
Alaluf (Université Libre de Bruxelles), Michel Freyssenet (CSU-CNRS), Jean-Pierre Durand (Université d’Evry).

• 1980 : Doctorat en Sciences des Organisations de l’Université de Paris IX Dauphine. "L’analyse du conflit Lip et ses répercussions sur les pratiques ouvrières et les stratégies syndicales", avec Francine Tabaton et Michèle Tallard, 460 pages.
Directeur de thèse : Jacques Delors, Rapporteur : Pierre Rosanvallon, Président du jury : Yves Delamotte.

• 1974 : 3ème cycle Sciences des Organisations de l’Université de Paris IX Dauphine.

Expérience professionnelle :

 Depuis 2001 : Université de Lyon 2

Depuis  :

 2018 : Professeur Emérite

 2011 : Directeur de la Mention de Master "Inégalité et discrimination, manager les enjeux contemporains de l’égalité" et du DU, IETL

 2009 : Directeur de la Chaire "Egalité, Inégalités et Discriminations"(IETL/Lyon2)

 2001  : Professeur des Universités, Institut d’Etudes du Travail de Lyon (IETL), Université Lumière Lyon 2. Membre du GLYSY/SAFA, UMR CNRS, ISH-Lyon 2, puis du Modys et enfin du Centre Max Weber.

 2004  : Membre associé du Centre de Recherche en Droit Social (CRDS), IETL, Université Lumière Lyon 2
 2008-2013 : Directeur de l’Institut d’Etudes du Travail de Lyon (IETL).

 2005-2007  : Participation à la création du MODYS, UMR CNRS liée à l’ISH de Lyon et aux Universités Lumière Lyon 2 et Saint-Etienne.

 De 1980 à 2001 : Chargé de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)  : Sociologie du travail et des organisations

 1992-2001  : Chargé de recherche à Travail et Mobilités, UPRESA CNRS, Université Paris X-Nanterre.
 1989-1991 : Chargé de recherche au Groupement d’Intérêt Public (GIP) sur les "Mutations Industrielles" (CNRS).
 1985-1988 : Chargé de recherche au Centre d’Etudes de l’Emploi (Etablissement Public sous la tutelle des Ministères du Travail et de la Recherche).
 1980-1984 : Chargé de recherche au Centre d’Etudes sur les Conditions de Vie des Ménages (CREDOC, Organisme sous la tutelle du Commissariat Général du Plan)

 De 1974 à 1979  : Chargé de recherche au Centre d’Etudes sur les Conditions de Vie des Ménages (CREDOC, Organisme sous la tutelle du Commissariat Général du Plan)  : Sociologie du conflit, de la justice, de la ville et des modes de vie.

Problématique de recherche

La compréhension des formes sociologiques étudiées, telles les hiérarchies professionnelles et salariales, les mouvements sociaux coordonnés ou les formes de la temporalité, vise à produire une connaissance qui s’attache à mieux comprendre ce qui se joue autour des rapports de travail, mais concerne plus généralement la confrontation engagée en société autour de plusieurs “mondes possibles”. Travaillant les rapports existant entre État, travail et société, mes travaux constituent en ce sens des apports à une sociologie de la confrontation sociale

Pourquoi travailler à une sociologie ainsi caractérisée ? Parce qu’il m’apparaît crucial de combattre en sociologie une posture théorique, où les codifications qui cherchent à rendre compte des régularités servent aussi à produire de la régulation. Sur ce point, il convient de toujours garder en mémoire que la société est traversée de tensions et de conflits, dont ceux qui ont pour enjeu essentiel l’imposition par les formes d’État d’une définition légitime de cette réalité même. Ainsi, l’objet d’une sociologie de la confrontation me paraît devoir contribuer à rendre compte des processus à l’oeuvre dans toute configuration sociale en travaillant sur le sens de ses formes et sur les subjectivités qui s’y construisent. L’individu, saisi au sein d’une hiérarchie, ne prend pleinement sens que si on le considère comme l’expression d’une subjectivité travaillée et modelée en permanence à travers la triade articulant coopération/tension/conflit qui doit être appréciée, comme nous y invite Pierre Naville, dans l’articulation des rapports liant travail et non travail.

Notre hypothèse est que la compréhension de cette configuration complexe passe par l’observation de l’enjeu central que fonde le conflit permanent entre rapports autonomes et hétéronomes dans les formes pratiques de la division sociale du travail. Il trouve sens dans la lecture de l’unité sociologique des tensions et contradictions qui nourrissent, en l’enrichissant, ce processus, particulièrement exacerbé par les représentations générales de la liberté et de la dépendance dans les sociétés occidentales. Notre ambition est in fine d’essayer de lire dans ce conflit les multiples inventions produites dans le travail contribuant à la métamorphose de ces sociétés. L’ensemble des rapports étudiés à travers ce prisme permet de réfléchir les déplacements de sens qui bousculent, dans un mouvement continu, la stabilité de l’espace social hiérarchisé. Dans une telle perspective, il convient également de déconstruire les concepts de coopération ou de conflit tant ils sont en permanence objets d’enjeux de sens.

Pourquoi travailller le sens de cette triade ? Parce que dans la configuration française des rapports sociaux, l’État joue, probablement plus qu’ailleurs, un rôle légitimant dans la construction des catégories sociales autour desquelles les protagonistes du travail salarié se confrontent. Cette hypothèse découle d’une certaine représentation de l’Etat dans la société. Sans y être forcément l’instigateur des inflexions ou des inventions de sens, il est, au-delà de l’aspect directement politique et du contrôle juridico-administratif qui l’accompagne (législation et mise en oeuvre des politiques publiques), co-producteur des représentations dominantes. Il l’est à travers le travail des experts qu’il labélise et mobilise, et aussi à travers l’action qu’il engage dans l’ensemble des espaces économiques où il déploie sa puissance de manager, afin de promouvoir leur validation et leur légitimation.

Le social se trouve alors logiquement défini dans les nomenclatures délimitant le droit du même nom où s’inscrivent les enjeux ancestraux et modernes au travers lesquels « la sociale », en retour, met à l’épreuve l’Etat. Cette problématique opère à l’aune d’une recherche de compréhension du processus de changement paradigmatique qui, au sein de cette triade, progresse de la valorisation par la qualification à la valorisation par la compétence. On a pu ainsi approcher comment le paradigme de la qualification avait été très largement associé aux croyances liées à l’idéal républicain de l’égalité des chances, dans un monde où la maîtrise du savoir technique et de la technicité imposait sa légitimité pour faire valoir l’intérêt général. Puis, comment, suite à moult engagements d’acteurs institutionnels aussi divers que chercheurs, fonctionnaires, syndicalistes, experts en management et managers eux-mêmes, la mesure par la compétence, conçue comme une mise en conformité permanente aux besoins productifs flexibles, s’était imposée telle une croyance absolue. Loin d’une conception de l’égalité inscrite dans des normes opposables, telles le temps de travail, l’ancienneté voire le diplôme, s’affirme un registre de l’évaluation modulable, au gré des logiques de marchés, ce qu’à très intelligemment mobilisé le Medef dans sa rhétorique entrepreneuriale de la refondation sociale. Ce processus ouvre sur une forme moderne d’astreinte des salariés conduits à mobiliser un maximum de leur temps de vie à des fins productives, forme qui participe largement au processus d’amplification des inégalités et des discriminations.

En ce sens, ma problématique questionne particulièrement l’amplitude de l’emprise du travail capitalistique sur l’agencement général des formes de la division sociale et sexuée du travail et les conflits de temporalités qui lui sont liés. Elle analyse ses conséquences sur le rapport des individus au bien-être et aux formes d’intégration sociale. Elle travaille en particulier la maîtrise du temps enjeu essentiel pour celui qui ne vit pas du capital : être humain à part entière ou être chose manipulable selon les besoins, c’est-à-dire être un esclave moderne. Cette orientation prolonge la réflexion théorique initiée de longue date sur les logiques du pouvoir hiérarchique (Les hiérarchies professionnelles et salariales dans neufs pays industrialisés, La Documentation Française, 1994 et Le Mirage de la Compétence, Syllepse, 2000).

Ce programme se réalise à travers la production d’enquêtes, de type longitudinal, croisant l’étude des rapports de travail et l’analyse des trajectoires professionnelles et personnelles des individus. Elles m’ont conduit à compléter et à enrichir un cadre théorique d’analyse du rapport au travail et au non travail. L’enjeu initial est de configurer et de qualifier l’espace social dans lequel les individus sont engagés et s’engagent à produire. Deux formes sont d’abord construites et travaillées ; celle de configuration professionnelle et celle de modèle professionnel, avant que de saisir à partir d’une troisième, nommée, comme le propose Simmel, processus de sociation, la lecture des liens qui associent les individus aux deux premières. Il se réalise également autour d’enquêtes plus exploratoires approchant des phénomènes faisant sens dans les mutations des formes d’organisations tels le dopage au travail, la mise au travail de la catégorie consommateur ou encore la prégnance des rapports de travail dans la mutation des formes de temporalité urbaine.

Cette posture est mise au service des projets qui émergent des collaborations issues des rencontres de la Chaire « Egalité, Inégalités et Discriminations ».

Actualités et Perspectives

La Chaire « Egalité, Inégalités et Discriminations » a été ouverte dans un projet de partenariat avec ISM-Corum, centre d’études et de recherche engagée de longue date dans la production de réflexion et d’outils de mesure susceptible d’agir pour faire reculer les discriminations dans le travail et la cité. Elle associe de multiples partenaires engagés sur ces sujets dans la société. Des institutions publiques du Bureau International du Travail (BIT) à la Halde (DDD), des entreprises et des organisations syndicales, des institutions comme la Région Rhône-Alpes ou des municipalités y sont associées afin de développer une connaissance approfondie des processus de discrimination, des questions qu’ils posent au principe d’égalité, et des inégalités qu’ils construisent.

Elle trouve son origine dans une convention signée en 2009 entre la Halde et l’Université Lumière. En février 2014, Le Défenseur des Droits (DD) et l’Université poursuivent et approfondissent, par la signature d’une nouvelle convention, les engagements réciproques et réaffirment leur volonté de mettre en commun des connaissances et des compétences : sensibilisation des personnels et des usagers au droit des discriminations, accompagnement des demandes de recours, mobilisation de ressources dans le cadre des activités de recherche respectives et développement de la formation. Ils confirment par ailleurs leur coopération dans les domaines de l’enseignement et de la recherche, et notamment dans le cadre de la Chaire « Egalité, Inégalités et Discriminations ».

C’est en animant les débats en son sein et en évaluant une offre de formation universitaire insuffisante, sur ces questions déterminantes, que m’est apparu nécessaire la création de diplômes, en formation initiale et continue. La mention de Master et le Diplôme Universitaire « Inégalités et discriminations : manager les enjeux contemporains de l’Egalité », formations pluridisciplinaires en SHS, ont été portés par cette conviction et validés par le Ministère en 2011. Depuis le travail de mise en oeuvre et d’animation pédagogique a été considérable tant il demande à chaque enseignant-intervenant d’impliquer sa qualification disciplinaire au traitement des enjeux imbriqués des inégalités et des discriminations. Quelques semaines après la remise solennelle des diplômes à la premier promotion étudiante, l’accord signé, en février 2014, entre le Défenseur Des Droits et l’Université Lumière Lyon 2 contribue pleinement à la reconnaissance de cet engagement et à sa poursuite. Ma mission a été de publiciser ce processus pour qu’il trouve à s’étendre à d’autres universités, d’affermir la qualité des enseignements et de contribuer au développement des recherches qui peuvent leur être liées, ce qui passe notamment par l’engagement d’une dizaine d’étudiants diplômés du Master recherche en doctorats.

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