La prise en considération des décès périnataux a favorisé l’introduction de nouvelles formes d’expression, souvent inédites, de la perte et du deuil. Cet article s’attache à cerner la place des supports numériques dans ce contexte. La question est de savoir s’ils conduisent à créer de nouvelles normes dans les utilisations de ces supports numériques ou à renforcer celles déjà existantes. S’appuyant sur deux opérations de recherche portant sur la mort périnatale en France, nous avons analysé le discours des personnes concernées sur leurs usages des supports numériques, tant pour évoquer le moment de la perte que l’ensemble des événements qui en découlent.
Ces usages ne sont pas des dérivatifs venant pallier une absence de considération, contraignant les personnes concernées à user des espaces numériques, car ce recours est aussi le fait des administrations, dont celles des cimetières, dans une perspective de co-construction normative. Démarches des personnes concernées et dispositifs institutionnels vont de pair et promeuvent un ensemble normatif en cours d’élaboration.
En définitive, l’usage du numérique procède non pas d’une entreprise de dématérialisation, mais au contraire d’une opération de rematérialisation sous la forme de matérialités labiles qui renforcent la norme du deuil périnatal.
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