Le droit à la vie privée dans les lieux de placement de la protection de l’enfance : expériences in situ de mineurs confiés

Fanny Westeel

Article de Fanny Westeel in Revue de droit sanitaire et social, 1, 2025.

Résumé :

Le respect de la vie privée des jeunes confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) réside dans un équilibre complexe impliquant de déterminer ce qui relève d’une part, d’informations les concernant strictement nécessaires à leur prise en charge dont les professionnels ont à connaitre pour adapter leur intervention aux singularités de la situation, et d’autre part, ce qui n’en relève pas et doit alors en principe ne pas être mobilisé ni même recherché dans le cadre de la prise en charge. Le recours aux méthodes qualitatives de la sociologie permet de saisir comment les travailleurs sociaux qui exercent dans les lieux de placement de la jeunesse conjuguent l’impératif de protection et d’éducation guidant leur intervention, avec le respect de la règlementation en matière de vie privée des usagers d’ESMS. Dans le même temps, ces approches compréhensives donnent accès à l’expérience in situ desdits usagers, en l’espèce des adolescents placés, en particulier à l’égard de leurs représentations et discours ayant trait au privé. Il s’agit là de ce qui est qualifié d’un point de vue sociologique de pratiques intimes sous contraintes, autant de matières directement palpables et/ou visibles (corps, espaces, objets personnels) et non directement palpables (biographies, relations, affects, psyché) sur lesquelles les adolescents placés peuvent avoir plus ou moins de prises, dans la configuration singulière des lieux de placement.