Journée d’étude co-org CMW : « Interactionnismes. Autour du manuscrit d’Albert Ogien : "Introduction à l’interactionnisme réaliste. Lire Goffman, Garfinkel et Cicourel" » (17/06/2025)

Date :Mardi 17 juin

Le Centre Max Weber et le laboratoire Triangle organisent une journée d’étude le 17 juin 2025.

Intitulé : « Interactionnismes. Autour du manuscrit d’Albert Ogien : " Introduction à l’interactionnisme réaliste. Lire Goffman, Garfinkel et Cicourel " »

Présentation :

Journée d’étude en présence d’Albert Ogien (CNRS, CEMS), organisée par Chloé Mondémé (CNRS, Triangle), Pierre-Nicolas Oberhauser (HESAV, Lausanne) et Anthony Pecqueux (CNRS, Centre Max Weber), avec la collaboration de Claude Gautier (ENS de Lyon, Triangle).

Cette journée d’étude sera l’occasion d’entamer une discussion collective autour d’un manuscrit encore inédit d’Albert Ogien, Introduction à l’interactionnisme réaliste. Lire Goffman, Garfinkel et Cicourel, et plus généralement autour de l’interactionnisme sous ses diverses formes et variétés. Il reviendra aux participant.e.s de réagir aux propositions d’Albert Ogien, en se concentrant sur un ou plusieurs aspects du manuscrit, en fonction de leurs propres intérêts et thématiques de recherche. Nous évoquons ci‑après à titre indicatif quelques‑uns des éléments qui seront susceptibles d’être approfondis et débattus durant la journée.

Plusieurs lignes de questionnement nous ont paru particulièrement prometteuses à la lecture du manuscrit – à commencer par la pluralisation de la catégorie d’interactionnisme, susceptible selon Albert Ogien d’être diversement qualifié de « symbolique », de « constructiviste » et de « réaliste ». Ce geste vient en effet bousculer les usages ordinaires de cette étiquette, qui tendent à la doter d’une évidence trompeuse. On sait pourtant qu’elle a pu être appliquée à des positions et approches très diverses, de la tradition de Chicago aux sociologies hétérodoxes francophones en passant par la pensée de Georg Simmel. La proposition d’Albert Ogien ouvre à ce titre une série de questions relatives aux repères que nous employons usuellement pour faire sens de l’espace conceptuel propre à nos disciplines. Elle invite également, et peut être plus fondamentalement, à s’interroger sur ce que le primat accordé à l’(inter)action a pu justifier ou – sur un mode plus positif – devrait impliquer pratiquement pour l’enquête sociologique et ses méthodes.

Comme le montrent bien les réflexions d’Albert Ogien, l’impératif de description de la dimension procédurale de l’action et des dynamiques interactionnelles est en effet susceptible de donner lieu à une pluralité de pratiques de recherche, dont les modalités et attendus ne peuvent être spécifiés qu’en référence à d’autres principes théoriques ou exigences scientifiques. On n’en offrira ici qu’un exemple : la place importante qu’Albert Ogien accorde dans son ouvrage aux « opérations épistémiques », en tant qu’objet d’étude premier de l’interactionnisme qu’il nomme « réaliste ». Cette option analytique entraîne évidemment, comme il le souligne dans le manuscrit, une série de conséquences sur le plan méthodologique. Mais elle soulève aussi, à un niveau plus abstrait, des questions fondamentales quant à la place qu’il s’agirait d’accorder à l’« esprit » dans l’étude de l’action. Au regard de tels enjeux, il paraît clair que l’on ouvre en adoptant la posture interactionniste au moins autant d’interrogations que l’on en clôt.

Ces quelques lignes n’ont à l’évidence pas vocation à délimiter le périmètre des débats qui nous occuperont à l’occasion de cette journée d’étude. L’objet est plutôt pour nous de commencer à ouvrir un espace de réflexion autour des interactionnismes, au pluriel – avec leurs repères théoriques et leurs exigences empiriques. Nous espérons engager ainsi une dynamique collective susceptible d’éclairer d’un jour un peu différent nos démarches d’enquête respectives, dans leurs similitudes et leurs dissemblances, et d’en valoriser ainsi réflexivement les spécificités. C’est ce à quoi nous paraît inviter l’ouvrage d’Albert Ogien, par la richesse des réflexions qu’il déploie et des questionnements qu’il soulève.

Programme :

09h30-09h45 : Accueil

09h45-11h00 : Quelques commentaires pragmatistes à propos de la conception de l’enquête chez Albert Ogien

  • Dominique Belkis (Université Jean-Monnet/Saint-Étienne),
  • Anne-Sophie Haeringer (Université Lyon II)
  • Anthony Pecqueux (CNRS, Centre Max Weber)

Dans cette communication, nous allons dans un premier temps commenter dans une perspective pragmatiste la conception de l’enquête et des acteurs sociaux présente chez Albert Ogien, avant de proposer quelques prolongements à partir d’une récente enquête collective.

11h00-11h20 : Pause

11h20-12h10 : « Sur la notion de « contexte malin ». La conception créative de l’enquête d’Albert Ogien »

  • Yaël Kreplak (HiCSA, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne & CEMS-EHESS)

Dans cette intervention, je reviendrai sur la relecture qu’a proposée Albert Ogien de la notion de « perspicuous setting » de Garfinkel et sur la façon dont il a théorisé, en s’appuyant aussi sur ses lectures de Goffman et Cicourel, la créativité de l’enquête sociologique. Je discuterai de ces enjeux à la lueur de mes activités de recherche du moment – en particulier la réalisation (en cours) d’un film documentaire expérimental sur le décrochage des collections du musée national d’art moderne (dans le contexte de la fermeture du Centre Pompidou pour cinq ans).

12h10-14h00 : Repas

14h00-14h50 : « Questionner ce que les autres connaissent »

  • Laurent Camus (Université Clermont Auvergne, ACTÉ)

Dans son Introduction à l’interactionnisme réaliste, A. Ogien énonce un postulat commun aux trois approches qu’il examine : « Les êtres humains sont incapables de ne pas savoir ce qu’ils font lorsqu’ils agissent en commun dans des circonstances qu’ils connaissent bien. » La prise en compte d’un arrière-fond partagé de connaissance servant de base à l’action en commun y est présentée comme une rupture vis-à-vis de la science formelle (et donc de la sociologie traditionnelle) qui conçoit une asymétrie principielle entre les connaissances produites par l’analyste et les connaissances ordinaires des membres. La présentation discutera ce point en s’intéressant à des situations sociales qui mettent en cause le postulat d’un arrière-fond commun de connaissance, lors desquelles les participants interrogent, mettent en doute, contestent ce que les autres savent ou prétendent savoir. Ce développement empirique s’appuiera sur l’analyse de données issues d’interactions au tribunal, en conférence de presse ou lors d’enquêtes parlementaires. Il donnera l’occasion d’une mise en perspective du livre d’A. Ogien avec les débats contemporains en ethnométhodologie et en analyse conversationnelle sur le statut de la connaissance ordinaire en interaction.

14h50-15h40 : De l’interactionnisme en France et en Amérique

  • Pierre-Nicolas Oberhauser (HESAV, Lausanne)

Dans le cadre de cette intervention, je voudrais considérer l’interactionnisme sous un angle particulier : en tant que catégorie d’intelligibilité ordinaire pour nos pratiques savantes. Qu’est‑ce qui confère à cette catégorie sa pertinence propre relativement à nos démarches sociologiques ? Il me semble qu’il convient à cet égard de penser la spécificité du contexte français, ou plus généralement du contexte de l’Europe francophone. En effet, quoiqu’on ait tendance à l’éluder, la catégorie d’« interactionnisme » est tributaire de configurations intellectuelles assez différentes en France et aux États‑Unis.
C’est ce que j’évoquerai dans un premier temps, avant de revenir sur ce que cette différence peut nous dire du projet d’Albert Ogien et de son importance pour le devenir de nos pratiques d’enquête.

15h40-16h00 : Pause

16h00-17h00 : Réaction aux interventions,

  • Albert Ogien (CNRS, CEMS)

Réaction aux interventions, suivie d’une discussion générale modérée par Claude Gautier (ENS de Lyon, Triangle) et Chloé Mondémé (CNRS, Triangle)

La journée se déroulera le mardi 17 juin 2025, de 9h30 à 17h, à l’ENS de Lyon, site Descartes, salle D4.260.

Plus d’information : Programme disponible en pièce jointe
Contact : Anthony Pecqueux

Équipes concernées : Politiques de la connaissance

Publié le 23 mai 2025