La naissance en Chine fin 2018 de deux jumelles dont le génome a été modifié au stade anténatal a fait l’objet d’une large condamnation internationale, y compris de la part des partisans de « l’eugénisme libéral » qui, depuis environ vingt ans, cherchent à promouvoir la sélection génétique des embryons conçue comme un choix privé des familles visant à procurer à l’enfant à naître le plus de « bien-être » possible.
L’article traite de Julian Savulescu, figure de proue de l’eugénisme libéral, dont on examine, à partir de ses écrits récents, les réactions à l’affaire des jumelles. Sa condamnation de la naissance des jumelles se réfère au cas clinique, jugé mal choisi, et n’exprime aucun rejet de principe de la correction génétique anténatale. L’affaire est l’occasion d’affiner sa réflexion sur les conditions dans lesquelles un tel recours serait non seulement recommandable, mais dans certains cas, moralement obligatoire. L’objectif affiché est de corriger les ratés de la sélection naturelle, de promouvoir l’égalité et d’assurer le bien-être du futur enfant et de la collectivité. Toutefois, l’évolution des analyses révèle une notion de bien-être aux contours incertains qui évolue d’une définition individuelle à une conception collective ou impersonnelle. Cette évolution conduit à interroger le caractère prétendument nouveau de cet eugénisme libéral.
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