Huitième séance du séminaire de l’équipe DPCS (21/03/2025)

Date :Vendredi 25 avril de 10h30 à 12h30

La huitième séance publique de l’équipe Dispositions, pouvoirs, cultures, socialisations est organisée.

Clair Monod, doctorant en sociologie (ENS de Lyon, CMW) : « Transition masculine et reconfiguration des identifications sexuelles dans le couple : l’espace conjugal entre accompagnement et résistance. »

Résumé : En s’appuyant sur une enquête par entretiens réalisée auprès de personnes transmasculines non-hétérosexuelles (n=23), cet article étudie comment les premières pratiques de transition s’articulent avec les parcours conjugaux, au prisme des reconfigurations des identifications sexuelles dans les couples – lesbiens ou hétérosexuels – préexistant au coming out trans. Lorsque les partenaires s’identifient dans les termes binaires du régime de l’orientation sexuelle, des crises peuvent émerger, spécifiquement autour des pratiques de transition corporelle. Ces crises peuvent conduire à différer les pratiques de transition publique, et révèlent une forme de cisnormativité corporelle propre au régime de l’orientation sexuelle. L’influence de l’espace conjugal sur les transitions masculines n’est cependant pas univoque. Lorsque la transition publique n’est pas envisageable dans les sphères familiale et/ou professionnelle, l’intimité conjugale peut constituer un espace refuge où transitionner. Certaines configurations conjugales peuvent également faciliter les pratiques de transition publique.

Guillaume Paris, doctorant en sociologie (université Paris 1, CESSP) : « Hiérarchie des langues et production du désir de maîtrise linguistique. Le cas de l’enseignement et de la marchandisation de l’anglais et de l’allemand. »

Résumé : En France, les travaux sociologiques sur les inégalités linguistiques ont historiquement pris pour objet l’inégale répartition du capital linguistique (Bourdieu et Passeron, 1970) ou de la maîtrise de l’écrit et du rapport réflexif au langage (Lahire, 1993). Établir la genèse de ces inégalités a impliqué d’analyser l’unification linguistique et l’imposition du français comme langue légitime au cours du XIXe siècle, présidant la dévaluation des locuteurs ne maîtrisant pas le français (Bourdieu, 1982). Pour autant, l’histoire de cette unification linguistique ne doit pas masquer les évolutions qui modifient aujourd’hui la place du français par rapport aux autres langues présentes en France. En effet, c’est bien « l’État français lui-même » qui impose par exemple « un apprentissage de l’anglais à tous les enfants vivant en France » (Encrevé, 2004). L’analyse récente de la place occupée par l’anglais et les ressources internationales dans la production des inégalités (Beaumont et Pouly, 2022) prouve l’intérêt à déplacer le regard sociologique vers d’autres langues légitimes que le français. Ma thèse vise à contribuer à cette littérature, en se focalisant sur les pratiques d’apprentissage de l’anglais et de l’allemand chez les adultes en France ; deux langues historiquement dominantes (Pouly, 2022). L’analyse de ces pratiques d’apprentissage nécessite d’une part de comprendre ce qui pousse ces adultes à apprendre, et d’autre part de saisir l’offre de formations qui se présente à elles/eux : ce sera l’objet de ma communication. Je tenterai d’identifier les institutions et forces sociales qui produisent la valeur de ces langues et le désir de les maîtriser. Il s’agira d’abord de vous soumettre mes réflexions sur le rôle de l’État et du système scolaire dans cette production, puis d’analyser la place des autres instances de diffusion de ces langues ainsi que leurs pratiques de valorisation et de marchandisation des compétences linguistiques.

La séance aura lieu le vendredi 25 avril, de 10h30 à 12h30, en présentiel à l’ENS de Lyon, site Descartes, en D4.143.

Un lien visio est disponible sur demande par mail aux responsables du séminaire ci-dessous.

Contact : Vey Victor ; estelle.herbaut@ens-lyon.fr