« Des choses merveilleuses pour ce pays ». « Narcos » ou la difficile quête du perfectionnisme dans l’action politique

Maya Collombon et Lilian Mathieu

Article de Maya Collombon et Lilian Mathieu in TV/Series , n°19, 2021.

« Des choses merveilleuses pour ce pays », en l’occurrence la Colombie, c’est ce qu’ambitionne de faire le trafiquant de cocaïne Pablo Escobar alors qu’il cherche à entrer en politique pour y porter la parole des plus pauvres, dont il est issu. Cette ambition se heurtera à l’hostilité de l’oligarchie devant celui qui se pose en « Robin des bois » et qui y répondra par un déchaînement de violence. Elle se heurtera surtout à l’action de ceux pour qui une « meilleure Colombie » passe par l’éradication du narcotrafic et la restauration de l’autorité de l’État.

C’est aux dilemmes moraux des protagonistes de Narcos quant à la légitimité des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir que s’intéresse principalement cet article. La tentation, exprimée par les agents étasuniens de la DEA comme par certains secteurs de l’État colombien, de combattre le chef du cartel de Medellín par des moyens tout aussi illégitimes, et violents, que les siens s’oppose au respect absolu de la légalité (y compris lorsqu’elle sert les intérêts d’Escobar) incarné par le procureur général de Greiff.

Cette tension est mise en scène dans la série au travers des hésitations du président Gaviria, dont les conversations avec son vice-ministre de la Justice appellent une réflexion en termes de perfectionnisme, en exprimant ses doutes quant aux moyens et aux fins du bon gouvernement (une paix octroyée au prix de concessions à Escobar, ou l’élimination du narcotrafiquant s’appuyant sur des paramilitaires et au prix d’une perte de souveraineté) et en exposant les limites du courage politique.

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