Formes et professionnalités de l’éthicisation : regards croisés

Séminaire de l’équipe « Politiques de la Connaissance » - Vendredi 14 juin - 10 - 17 h

Formes et professionnalités de l’éthicisation : regards croisés

Vendredi 14 juin – Salle E. Rivet – Institut des Sciences de l’Homme – 14 avenue Berthelot - Lyon

Séminaire de l’équipe Politiques de la Connaissance du Centre Max Weber

Invités :
Matthieu Elgard, formateur dans le secteur sanitaire, social et médico-social, doctorant en philosophie (Centre Raymond Aron).
Sébastien Mouret, docteur en sociologie, post-doctorant au CERSES.

Séance coordonnée par Benoit Eyraud, Jérôme Michalon et Pierre Vidal-Naquet.

Cette séance de séminaire s’inscrit dans une réflexion autour de l’éthique et fait écho à une séance tenue en novembre 2012 et qui avait porté sur la notion d’« éthique située » (Antoine Hennion, Pierre Vidal-Naquet et Frank Guichet). Cette séance visera plus spécifiquement à documenter les formes, aussi bien institutionnelles que professionnelles, prises par le mouvement « contemporain » d’éthicisation. Il s’agira ici de documenter les modalités pratiques de ce phénomène social. Par quelles instances sont introduites des procédures ou des questionnements qui se disent « éthiques » ? Dans quel héritage historique s’inscrivent-elles ?

Deux terrains très différents seront discutés. Le premier est relatif à la formation des soignants envers les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (M. Elgard), le deuxième portera sur les pratiques d’élevage animalier (S. Mouret). Ces deux terrains ont pour particularité d’être en prise avec un mouvement d’éthicisation de leurs pratiques, qui a un impact sur les manières de travailler et de penser l’activité. A travers cette rencontre entre des univers a priori si différents (d’un coté, la prise en charge de personnes humaines ; de l’autre, l’élevage d’animaux de consommation) le pari consiste à dire qu’il y a des processus communs que l’on peut retrouver dans tous les mondes sociaux confrontés à la mise en place d’un souci éthique et de procédures visant à l’accomplir. La mise en contraste de ces terrains vise à ouvrir trois pistes de questionnements relatifs au mouvement d’éthicisation.

La première piste concerne la prise en compte des intérêts des êtres sujets de l’attention éthique (personnes malades d’Alzheimer, bétail) : comment leurs intérêts, et plus largement leur parole, sont portés ? Par qui ? Et sur quels modes ? Qui sont les porte-paroles de ces êtres dont la parole est soit défaillante, soit inexistante, sans médiation extérieure ? La question du consentement et de son recueil s’inscrit dans la continuité du questionnement : est-ce que le processus d’éthicisation implique nécessairement un consentement de la part de ses bénéficiaires supposés ? Cette piste ouvre donc la réflexion sur la manière dont se constitue une expertise éthique : cette expertise associe-t-elle toujours les bénéficiaires ? Quelles catégories d’acteurs sont reconnues comme étant légitimes pour construire cette expertise ?

La seconde piste de questionnement porte sur les effets pratiques de l’éthicisation. D’une part, il s’agira de s’intéresser aux formes instrumentales de l’éthicisation : quels outils et procédures sont mobilisés pour accomplir le bien visé par l’éthique (guides de bonnes pratiques, chartes, comités éthiques etc.) ? Comment ces outils sont appropriés ou non pas les acteurs censés les utiliser ? De la même façon, il sera question des représentations des vertus de l’éthique par ces mêmes acteurs : comment les instances et les procédures « éthiques » sont-elles appréhendées par les acteurs qui les mettent en place et les utilisent ? Sont-elles vécues comme des lieux de réflexivité ou comme des lieux de routinisation de résolution des dilemmes qui se posent à eux (voire d’optimisation des pratiques) ?

Le troisième type de questionnement porte sur le rôle joué par les professionnels des sciences humaines et sociales dans ce mouvement d’éthicisation. Dans quelle mesure ceux-ci sont-ils impliqués dans la dynamique qu’ils décrivent ? Est-il possible d’aborder le processus d’éthicisation comme un objet, dont les dynamiques existent indépendamment de l’analyse qui est produite à leur endroit ? Peut-on conserver dans toutes circonstances une posture agnostique vis-à-vis de l’éthique ?

Séance ouverte à tou-tes à partir de 10 h et jusqu’à 17 h - Vendredi 14 juin – Salle E. Rivet – Institut des Sciences de l’Homme – 14 avenue Berthelot - Lyon

Équipes concernées : Politiques de la connaissance

Publié le 10 juin 2013